Leadership et santé mentale : éviter l’effet domino
- Claire Sverzut

- 15 oct.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 nov.
La santé mentale en entreprise n’est pas une question individuelle. C’est le reflet d’un système – celui de l’organisation, de sa culture et de son leadership.
Un leader épuisé ne “craque” pas seul : il révèle souvent une tension systémique — entre exigences, valeurs vécues et marges de manœuvre. Et lorsque le système se dérègle, l’effet domino se propage : démotivation, perte de sens, départs, désengagement…
🌍 Comprendre la dimension systémique
Dans une organisation, tout est interconnecté :
la culture détermine les comportements valorisés ou dissuadés ;
les comportements influencent la qualité des relations ;
les relations façonnent la sécurité psychologique ;
et cette sécurité conditionne bien-être, créativité et performance.
Autrement dit, le climat mental de l’entreprise est le miroir de sa culture. Une culture centrée sur le contrôle, l’urgence ou la perfection crée de la tension et de la peur. Une culture fondée sur la confiance, la clarté et la reconnaissance crée du souffle et de l’engagement (référence à la théorie X et Y de McGrégor).
🚨 Les signaux qui montrent que le système s’épuise
Avant que le burn-out ne frappe, le système parle — à travers des indicateurs souvent sous-estimés. En voici quelque uns:
1) Absence ou turnover en hausse : les départs “discrets” ou maladies à répétition sont des marqueurs de désalignement culturel.
2) Baisse d’initiative ou d’innovation : les collaborateurs n’osent plus proposer, signal d’un manque de sécurité psychologique.
3) Hausse des tensions internes : conflits latents, micro-agressions, fatigue relationnelle.
4) Surcharge chronique : réunions sans fin, urgences permanentes, priorités floues.
5) Énergie émotionnelle basse : cynisme, perte de motivation, “on fait le job, sans plus”.
Ces signaux ne pointent pas des failles individuelles. Ils révèlent bien souvent un déséquilibre entre contraintes et ressources :
➡️ Les contraintes augmentent (pression du temps, exigences, complexité, reporting, incertitude)
↔️ tandis que les ressources stagnent ou diminuent (autonomie, clarté, soutien, reconnaissance, sentiment de sens).
Quand ce déséquilibre s’installe, le système devient non soutenant. Ce n’est plus la compétence ni la volonté des individus qui manquent, mais la capacité collective à réguler la charge et à restaurer les ressources.
La santé mentale d’une organisation se mesure à sa capacité à équilibrer contraintes et ressources, jour après jour.
Le rôle clé du leadership
Les leaders incarnent et amplifient la culture. Leur manière de gérer la pression, d’écouter, de déléguer, de donner du sens devient un levier direct de santé mentale.
Le bien-être mental n’est pas une affaire de confort, c’est une compétence stratégique pour la performance durable.
Un leader équilibré crée un système équilibré. Un leader sous tension amplifie la tension du système.
Quelques chiffres parlants
Les leaders avec un bon bien-être mental sont 2x plus efficaces (Gallup)
90 % des dirigeants jugent la santé mentale des leaders essentielle à la réussite (Deloitte)
25 à 45 % de la réussite d’une personne dépend directement de son bien-être
Prendre soin de la santé mentale du leadership, c’est investir dans la performance collective.
🌱 Transformer la culture, pas seulement les individus
Agir sur la santé mentale, ce n’est pas ajouter une séance de méditation le vendredi. C’est repenser le système, tout en responsabilisant chaque acteur de ce système.
La transformation culturelle s’ancre à deux niveaux :
Par le haut, grâce à des décisions courageuses, une exemplarité visible et des modèles de leadership cohérents avec les valeurs annoncées. Les dirigeants sont les role models : leur manière de gérer la pression, d’écouter, de prioriser ou de reconnaître crée la norme implicite de l’organisation.
Par le terrain, à travers des comportements quotidiens cohérents, des micro-actes d’attention, de régulation émotionnelle et de coopération. Chaque collaborateur contribue, à son échelle, à rendre la culture vivante.
Une culture se transforme quand les dirigeants incarnent ce qu’ils attendent, et quand les équipes s’autorisent à expérimenter autrement. C’est un mouvement double : descendant et ascendant, où chacun devient partie prenante du changement.
Concrètement, cela passe par :
une clarification des priorités et des rôles, pour réduire les tensions invisibles,
la formation des managers à la régulation émotionnelle, au feedback constructif et à la confiance,
des espaces de parole et d’apprentissage collectif, pour reconnecter sens et action,
la valorisation de la coopération plutôt que la compétition interne,
et une redéfinition des indicateurs de réussite, intégrant bien-être, engagement et durabilité.
Parce qu’une culture saine ne se décrète pas — elle se démontre, s’incarne et se pratique, jour après jour.
Conclusion
Transformer la culture, c’est d’abord oser regarder le système en face — ses forces, ses tensions, ses incohérences. C’est un acte de lucidité et de courage, à la fois individuel et collectif.
La santé mentale et la performance ne s’opposent pas : elles se nourrissent mutuellement. Mais pour cela, il faut parfois revoir les règles du jeu, rééquilibrer les ressources et les contraintes, et redonner du sens à ce que l’on fait.
Chaque organisation a sa propre dynamique, ses équilibres à retrouver, ses leviers à activer.
Et souvent, tout commence par une conversation.
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Invalues — allier performance et humanité. Coaching individuel & collectif | Formation Leadership & Management

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