Et si la performance collective commençait par un cadre bienveillant ?
- Claire Sverzut

- 28 oct.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 nov.
On parle beaucoup de performance, de stratégie, de KPI. Mais rarement de ce qui les rend possibles : le cadre dans lequel les équipes évoluent.
Ce cadre invisible — culturel, émotionnel, relationnel — influence chaque décision, chaque réunion, chaque silence. Et pourtant, il est souvent le grand absent des transformations organisationnelles.
Quand la performance s’épuise faute de cadre
J’ai accompagné de nombreuses équipes dirigeantes et managers dans des contextes de croissance, de crise ou de transformation. Et dans 80 % des cas, les symptômes étaient les mêmes :
Réunions interminables sans décisions claires,
Tensions récurrentes non régulées,
Fatigue émotionnelle,
Baisse de l’engagement, voire départs discrets.
Ce n’est pas la stratégie qui manquait. C’était le cadre collectif : les règles du jeu implicites, les accords de fonctionnement, la clarté sur les rôles et les priorités.
Une étude de Google (“Project Aristotle”, 2015) a montré que le facteur n°1 de la performance d’une équipe n’est pas la compétence, mais la sécurité psychologique — cette confiance partagée qui permet à chacun de s’exprimer, de questionner, d’essayer, sans crainte du jugement.
Et selon l’enquête Gallup 2023, seuls 23 % des salariés dans le monde se disent pleinement engagés dans leur travail. La raison principale ?Un environnement où la parole est risquée et où l’erreur coûte plus que l’inaction.
Le cadre, ce n’est pas un outil : c’est une posture
Remettre du cadre, ce n’est pas “faire des règles”. C’est redonner un socle commun où la parole circule, la responsabilité se partage et les tensions deviennent des signaux plutôt que des menaces.
Un cadre bienveillant n’est ni mou, ni complaisant. C’est un espace clair et exigeant, dans lequel la confiance et la responsabilité se nourrissent mutuellement.
Dans les accompagnements que je mène, cela passe souvent par :
Nommer les implicites : ce que tout le monde ressent sans oser le dire,
Clarifier les rôles et les attentes,
Mettre en place des espaces de régulation réguliers,
Valoriser la parole et reconnaître les progrès.
Ces leviers simples changent profondément la qualité des décisions, des relations et du climat collectif.
Les trois piliers d’un cadre qui soutient la performance
1️⃣ Clarté et alignement
Les travaux d’Amy Edmondson (Harvard, 2019) montrent que la clarté sur les rôles et les objectifs explique jusqu’à 40 % de la performance perçue d’une équipe. Quand chacun sait pourquoi il est là et ce qu’on attend de lui, la confiance s’installe naturellement.
2️⃣ Régulation émotionnelle et collective
Les équipes performantes ne sont pas celles qui évitent le conflit, mais celles qui savent le traverser. Un rituel de régulation collectif (20 minutes toutes les deux semaines) peut transformer le climat d’un comité de direction.
3️⃣ Reconnaissance et apprentissage
La reconnaissance sincère est le carburant de l’engagement. Selon l’étude WorkHuman 2022, les collaborateurs qui se sentent régulièrement reconnus sont 4,6 fois plus engagés et deux fois plus enclins à innover. Reconnaître, c’est aussi valoriser les apprentissages, les efforts, et pas seulement les résultats.
Le rôle du leader (et du coach)
Le rôle du leader n’est plus de “tout savoir” ni de “tout décider”.C’est de tenir le cadre, même quand c’est inconfortable. Créer un espace où chacun peut oser, apprendre, se tromper et recommencer.
Tenir le cadre, c’est :
rappeler la direction sans fermer le débat,
maintenir l’équilibre entre exigence et bienveillance,
encourager la confrontation constructive,
et parfois simplement… être présent.
En coaching collectif, le basculement se produit souvent quand la parole redevient vivante. Quand un silence lourd est nommé. Quand un non-dit devient partageable. Quand une équipe réalise qu’elle a le droit d’apprendre, même en marchant.
Questions à se poser
Voici quelques questions à poser à vos équipes (ou à vous-même) :
Quel est le cadre implicite qui gouverne vos échanges aujourd’hui ?
Qu’est-ce qui est “autorisé” ou “interdit” émotionnellement dans votre organisation ?
Quand avez-vous pris le temps de parler de votre manière de collaborer, plutôt que de vos projets ?
Et si la performance durable commençait par un meilleur “comment” ?
En conclusion
La performance collective ne dépend pas d’un nouvel outil ni d’un nouveau plan d’action. Elle dépend du cadre que l’on construit ensemble, jour après jour. Un cadre incarné, exigeant, bienveillant. Un espace où la parole, la confiance et la responsabilité circulent librement.
Parce que sans sécurité, il n’y a pas d’audace. Sans audace, pas d’innovation. Et sans humanité… pas de performance.
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Invalues — allier performance et humanité. Coaching individuel & collectif | Formation Leadership & Management

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